Des chercheurs français ont établi une corrélation entre l’usage intensif de pesticides dans certaines régions et une hausse inquiétante de cas de cancer du pancréas. Des chiffres qui devraient encourager de nouvelles recherches dans ce domaine.
La France est le quatrième pays au monde le plus touché par le cancer du pancréas et le nombre de cas détectés chaque année progresse de façon inquiétante (environ 3 % par an). Une augmentation telle qu’il pourrait être le deuxième cancer le plus fréquent dans l’hexagone d’ici à 2030. Une situation qui pousse les scientifiques à rechercher du côté des causes possibles de l’incidence du cancer du pancréas – au-delà l’obésité, le diabète et le tabagisme.
Dans une étude publiée par l’European Journal of Epidemiology, une équipe de chercheurs français s’est intéressée à la répartition géographique du risque de contracter le cancer du pancréas et à l’utilisation locale des pesticides, révélant l’existence d’une véritable corrélation entre les deux, rapporte « Le Monde ». Et ce, alors que les pesticides sont déjà mis en cause dans de nombreuses études, notamment pour leur effet sur l’incidence de la maladie de Parkinson, du cancer de la prostate ou de leucémies infantiles.
Une augmentation « faible »
Le gastro-entérologue et épidémiologiste Mathias Brugel, co-auteur de l’étude, a expliqué avoir d’abord découvert que la distribution géographique du risque de développer un cancer du pancréas est « inégale » sur le territoire métropolitain. Certaines régions seraient plus particulièrement touchées, comme le bassin parisien, la Bourgogne, le centre de la France et l’arc méditerranéen.
Or, « le croisement de ces données avec les usages locaux de pesticides indique une association statistiquement significative entre la quantité de substances appliquées par unité de surface et le risque de contracter un cancer du pancréas ». Un effet qui serait « faible, mais statistiquement robuste », selon les auteurs de l’étude, qui précisent que « pour une augmentation de 2,6 kilos de pesticides utilisés à l’hectare, le risque relatif de cancer pancréatique augmente en moyenne de 1,3 % ».
Une augmentation qui serait avant tout liée aux « quantités cumulées » de pesticides, mais que l’on pourrait associer plus particulièrement au glyphosate (un herbicide), au mancozèbe et au soufre en pulvérisation (deux fongicides). Même si d’autres études doivent encore le confirmer.
Quid de l’alimentation ?
Pour les auteurs de l’étude, ce chiffre devrait impulser des recherches plus poussées afin de déclarer les pesticides comme un véritable « facteur de risque » du cancer du pancréas. Pour aller plus loin, ils expliquent qu’il faudrait aussi s’intéresser à l’alimentation issue de produits traités avec des pesticides. Et à titre personnel, il est important de rappeler l’importance d’un bon suivi médical pour que toute pathologie soit prise en charge le plus tôt possible.
Sources :
- Données sur le cancer du pancréas du Centre international de recherche sur le cancer
- Brugel, M., Gauthier, V., Bouché, O. et al. Pesticides et risque d’adénocarcinome pancréatique en France : une étude écologique spatiotemporelle nationale entre 2011 et 2021. Eur J Epidemiol 39 , 1241–1250 (2024). https://doi.org/10.1007/s10654-024-01176-8