Auteur/autrice : Jeanne Le Borgne

  • Pesticides et cancer du pancréas : des liens dangereux

    Pesticides et cancer du pancréas : des liens dangereux

    Des chercheurs français ont établi une corrélation entre l’usage intensif de pesticides dans certaines régions et une hausse inquiétante de cas de cancer du pancréas. Des chiffres qui devraient encourager de nouvelles recherches dans ce domaine.

    La France est le quatrième pays au monde le plus touché par le cancer du pancréas et le nombre de cas détectés chaque année progresse de façon inquiétante (environ 3 % par an). Une augmentation telle qu’il pourrait être le deuxième cancer le plus fréquent dans l’hexagone d’ici à 2030. Une situation qui pousse les scientifiques à rechercher du côté des causes possibles de l’incidence du cancer du pancréas – au-delà l’obésité, le diabète et le tabagisme.

    Dans une étude publiée par l’European Journal of Epidemiology, une équipe de chercheurs français s’est intéressée à la répartition géographique du risque de contracter le cancer du pancréas et à l’utilisation locale des pesticides, révélant l’existence d’une véritable corrélation entre les deux, rapporte « Le Monde ». Et ce, alors que les pesticides sont déjà mis en cause dans de nombreuses études, notamment pour leur effet sur l’incidence de la maladie de Parkinson, du cancer de la prostate ou de leucémies infantiles.

    Une augmentation « faible »

    Le gastro-entérologue et épidémiologiste Mathias Brugel, co-auteur de l’étude, a expliqué avoir d’abord découvert que la distribution géographique du risque de développer un cancer du pancréas est « inégale » sur le territoire métropolitain. Certaines régions seraient plus particulièrement touchées, comme le bassin parisien, la Bourgogne, le centre de la France et l’arc méditerranéen.

    Or, « le croisement de ces données avec les usages locaux de pesticides indique une association statistiquement significative entre la quantité de substances appliquées par unité de surface et le risque de contracter un cancer du pancréas ». Un effet qui serait « faible, mais statistiquement robuste », selon les auteurs de l’étude, qui précisent que « pour une augmentation de 2,6 kilos de pesticides utilisés à l’hectare, le risque relatif de cancer pancréatique augmente en moyenne de 1,3 % ».

    Une augmentation qui serait avant tout liée aux « quantités cumulées » de pesticides, mais que l’on pourrait associer plus particulièrement au glyphosate (un herbicide), au mancozèbe et au soufre en pulvérisation (deux fongicides). Même si d’autres études doivent encore le confirmer.

    Quid de l’alimentation ?

    Pour les auteurs de l’étude, ce chiffre devrait impulser des recherches plus poussées afin de déclarer les pesticides comme un véritable « facteur de risque » du cancer du pancréas. Pour aller plus loin, ils expliquent qu’il faudrait aussi s’intéresser à l’alimentation issue de produits traités avec des pesticides. Et à titre personnel, il est important de rappeler l’importance d’un bon suivi médical pour que toute pathologie soit prise en charge le plus tôt possible.

    Sources :

    • Données sur le cancer du pancréas du Centre international de recherche sur le cancer
    • Brugel, M., Gauthier, V., Bouché, O. et al. Pesticides et risque d’adénocarcinome pancréatique en France : une étude écologique spatiotemporelle nationale entre 2011 et 2021. Eur J Epidemiol 39 , 1241–1250 (2024). https://doi.org/10.1007/s10654-024-01176-8

  • Un traitement qui ralentit la progression de la maladie d’Alzheimer enfin autorisé pour certains malades

    Un traitement qui ralentit la progression de la maladie d’Alzheimer enfin autorisé pour certains malades

    Chaque année, 225 000 nouvelles personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer et s’il n’existe, pour l’heure, aucun traitement permettant d’en guérir, la science progresse pour faire ralentir le déclin cognitif. Enfin un médicament en ce sens va être disponible en France pour certains malades.

    Grâce à l’avancée de la science et de la médecine sur la maladie d’Alzheimer, il existe désormais un traitement capable de ralentir le déclin cognitif – à défaut, pour l’heure, de pouvoir en guérir. Ce traitement, c’est le lecanemab, commercialisé sous le nom de Leqembi, et il vient d’être approuvé par l’Agence européenne du médicament. Ce qui signifie qu’il devrait bientôt être disponible en France pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce.

    Le lecanemab est un anticorps monoclonal dirigé contre la protéine appelée « bêta-amyloïde » (Aβ), responsable des plaques formées dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Son objectif est donc de réduire ces plaques et leur accumulation pour ralentir le déclin cognitif. Selon un essai publié dans le New England Journal of Medicine en novembre 2022, administré par intraveineuse une fois toutes les deux semaines, le traitement permet de réduire de plus de 70 % les marqueurs des plaques bêta-amyloïdes.

    Dans leur étude clinique, le laboratoire Eisai, qui développe le Leqembi en partenariat avec Biogen, avait même conclu à une réduction de 27 % du déclin cognitif chez des personnes touchées par une malade d’Alzheimer à un stade léger.

    Une prescription très controlée

    Le lecanemab présentant divers effets secondaires, dont celui d’augmenter le risque de saignement dans le cerveau, il ne sera pas accessible aux personnes présentant une seule ou aucune copie du gène ApoE4, ainsi qu’à celles sous anticoagulants. Les malades qui se le verront délivrés seront, en outre, soumis à une surveillance médicale accrue.

    Son arrivée en France reste néanmoins une très bonne nouvelle, comme l’a souligné Nicolas Villain, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, à nos confrères du « Monde ». « Certes, l’effet est modeste, et ce n’est certainement pas une solution miracle, mais c’est une première étape cruciale », a-t-il insisté. France Alzheimer se réjouit, elle, sur son site Internet, que « même si Lecanemab, ou plutôt Leqembi sous sa forme commercialisée, n’est pas un remède miracle, il peut s’agir d’un premier pas vers une stabilisation de la maladie chez des millions de personnes touchées par la maladie d’Alzheimer ».

    Par ailleurs, il est aujourd’hui admis que lutter contre le diabète, l’hypertension et les mécanismes inflammatoires en général retarde l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Dépistage et prévention sont donc aussi utiles pour lutter contre la maladie d’Alzheimer.

  • Deux solvants autorisés en France désormais interdits aux États-Unis

    Deux solvants autorisés en France désormais interdits aux États-Unis

    Controversés depuis plusieurs années, notamment pour leur risque de provoquer un cancer du rein, deux solvants utilisés principalement pour le nettoyage à sec des vêtements ont été interdits d’utilisation aux États-Unis par l’Agence de protection de l’environnement (EPA).

    La décision était attendue des défenseurs de l’environnement et de la santé. En ce début du mois de décembre, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) américaine a interdit l’utilisation du perchloroéthylène, également connu sous le nom de perc, ainsi que du trichloréthylène, ou TCE, en raison de leur risque de « provoquer le cancer et d’autres maladies graves », rapporte le « New York Times ».

    Le journal américain explique que les personnes les plus exposées aux TCE sont celles qui travaillent dans des blanchisseries, les usines et les aéroports, en raison de l’utilisation de ce produit dans les nettoyants, les détachants, les lubrifiants et la colle. Or, les études ont associé l’exposition à ce solvant à un risque accru de développer cancer du foie, cancer du rein, lymphome non hodgkinien ou encore des dommages des systèmes nerveux et immunitaire.

    Le perchloréthylène, qui est utilisé dans les produits de nettoyage à sec et dans les produits d’entretien automobile, serait légèrement moins nocif, mais tout de même associé à un risque accru de cancer du foie, des reins, du cerveau et des testicules, ainsi qu’à un endommagement du système immunitaire.

    Des solvants autorisés en France

    L’EPA a associé plusieurs exceptions à l’interdiction du TCE et du perc, « à condition que des règles strictes soient en place pour protéger les travailleurs ». Mais l’institution américaine insiste sur le fait qu’il est « tout simplement inacceptable » de continuer à utiliser ces solvants alors qu’« il existe des alternatives plus sûres ».

    En France, le perchloroéthylène est toujours autorisé à la vente, mais son utilisation est interdite dans les pressings depuis 2022. Pourtant, en septembre, l’ARS Île-de-France s’inquiétait de l’exposition aux TCE des personnes vivant à proximité des 1200 pressings ou laveries automatiques de la région disposant toujours (illégalement) de machines de nettoyage à sec utilisant du perchloroéthylène (PCE). Cancérogène avéré, le trichloréthylène est, lui, en vente libre.

    Il est difficile de se protéger de tous les polluants qui nous entourent dans la vie quotidienne ou professionnelle. D’où l’importance d’un bon check-up pour dépister les risques de cancer à temps.

  • Sommeil : la régularité serait la clé

    Sommeil : la régularité serait la clé

    Selon une nouvelle étude, pour une bonne santé cardiovasculaire, il serait essentiel de dormir de façon régulière, et pas uniquement d’atteindre les 9 heures recommandées.

    Santé cardiovasculaire, immunité, cognition… Au fil des années, les études n’ont cessé de démontrer l’importance du sommeil pour la santé. Les scientifiques ont même réussi à se mettre d’accord pour recommander 9 heures de sommeil pour les personnes de 18 à 64 ans et 7 à 8 heures pour celles de plus de 65 ans. Mais cela ne suffirait pas.

    Une étude menée par des chercheurs australiens et canadiens et publiée dans le Journal of Epidemiology & Community Health vient de démontrer l’importance d’avoir un cycle de sommeil régulier. Selon eux, des habitudes de sommeil irrégulières augmentent de 26 % le risque de développer certains types de maladies cardiovasculaires, notamment les crises cardiaques, l’insuffisance cardiaque et les accidents vasculaires cérébraux.

    Dormir 9 heures ne suffit pas

    Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques se sont basées sur les données de 72 269 personnes âgées de 40 à 79 ans ayant participé à l’étude UK Biobank. Ils ont analysé la variabilité de l’heure du coucher, de l’heure du réveil, de la durée du sommeil et du nombre de fois où une personne se réveillait pendant la nuit. Et mis ces données en parallèle avec celles sur leur santé cardiovasculaire.

    Et fait intéressant, les chercheurs se sont aussi intéressés aux personnes qui atteignaient l’objectif de durée de sommeil, mais qui avaient des habitudes de sommeil irrégulières. Résultat : elles souffriraient, elles aussi, d’un risque accru de maladie cardiovasculaire. Il ne suffit donc pas de dormir suffisamment, mais il faut aussi veiller à avoir des périodes de sommeil régulières, qui ne changent pas beaucoup d’un jour à l’autre.

    Et comme bien dormir ne se décrète pas, n’oubliez pas l’importance du check-up pour détecter à temps les risques cardiovasculaires, surtout si vous êtes exposés professionnellement au risque de sommeil irrégulier (voyages fréquents, décalage horaire, travail posté ou nocturne).

    Source : Chaput J, Biswas RK, Ahmadi M, et alSleep regularity and major adverse cardiovascular events: a device-based prospective study in 72 269 UK adultsJ Epidemiol Community Health Published Online First: 27 November 2024. doi: 10.1136/jech-2024-222795

  • Polluants éternels, éternel problème ?

    Polluants éternels, éternel problème ?

    Connaissez-vous les PFAS ? Derrière cet acronyme se cache deux noms un peu barbares, les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, aux effets tout aussi barbares. Ce sont ce que l’on appelle communément des « produits chimiques éternels » ou tout simplement « polluants éternels ». On les retrouve partout : dans les emballages alimentaires, sur nos poêles anti-adhésives, dans nos vêtements imperméables, nos tampons hygiéniques, nos fils dentaires, nos puces 5G et même dans les valves cardiaques artificielles…

    Le problème, c’est que si l’industrie en est devenue totalement dépendante, certains atomes chimiques formés pour leur construction par l’association carbone/fluor sont pratiquement indestructibles. Conséquence : on retrouve des PFAS dans l’eau, les sols, l’air, et jusque dans les fonds océaniques et les régions arctiques. Une contamination qui se retrouve ensuite dans l’organisme de tous les êtres vivants. Aux États-Unis, des PFAS ont ainsi été détectés chez 97 % des habitants et France, une étude Que Choisir de 2019 a montrée que 93 % des logements testés étaient pollués par les PFAS. Or, plus les études se multiplient, plus on découvre leurs effets néfastes pour la santé.

    Les scientifiques ont alerté sur une très longue liste des différentes maladies associées à une exposition prolongée aux PFAS. On y retrouve une diminution de la fertilité, une altération de la qualité du sperme et un développement fœtal défavorable, un risque d’inflammation ou encore de stress oxydatif. Des éléments qui favorisent l’obésité, la résistance à l’insuline et augmentent le risque de stéatose hépatique et de cancer. Certaines variantes de PFAS sont d’ailleurs classées comme cancérigènes.

    Les industriels font de la résistance

    Pour tenter d’endiguer le phénomène, l’Union européenne a pris une série de mesures pour limiter l’usage des PFAS (regroupées dans le règlement Reach). Mais en face, les industriels font du lobbying afin d’obtenir un maximum de dérogation possible et pouvoir continuer à utiliser ces matériaux efficaces et à moindre coût. Face au véritable risque que ces composés chimiques posent en termes de santé publique, et par répercussion sur le plan social et économique, l’UE tente de durcir ses règles pour pousser les industriels à développer des alternatives aux PFAS.

    Une démarche nécessaire, mais qui ne serait pas suffisante, comme l’a prouvé le documentaire « Toxic and Tenacious — How « Forever Chemicals » Are Damaging Our Health ». Pour ses réalisateurs, il est impératif de mettre en place une réglementation mondiale globale pour éviter de simplement déplacer le problème vers des régions moins réglementées. « Une convention mondiale sur les PFAS pourrait garantir que la production et l’utilisation soient contrôlées à l’échelle universelle, s’attaquant ainsi à la cause profonde des problèmes environnementaux et sanitaires plutôt que de simplement déplacer le problème géographiquement », avancent-ils.

    En attendant, Que choisir a dressé une liste de choses à mettre en place pour limiter au maximum d’être en contact avec PFAS. « La tâche est ardue », prévient le collectif.

    • Optez pour des ustensiles de cuisine sans revêtement antiadhésif contenant des PFAS.
    • Évitez les produits alimentaires emballés achetés en grande surface ou dans les fast-foods.
    • Évitez l’utilisation d’eau souterraine (puits privés) pour arroser les fruits et légumes du potager ou abreuver les animaux de basse-cour.
    • Réduisez la consommation de poissons (surtout les gras) et fruits de mer, de viandes, de produits laitiers et d’œufs.
    • Lavez les vêtements neufs avant de les porter.
    • Évitez d’acheter des vêtements imperméables ou déperlants.
    • N’utilisez pas de spray imperméabilisant.
    • Évitez les tissus d’ameublement ayant subi des traitements antitaches.
    • Consulter la liste des ingrédients des cosmétiques et produits ménagers.
    • Contribuez à limiter les fuites de PFAS dans l’environnement en jetant ou en recyclant vos produits via les filières adaptées.

    Et comme de toute manière vous n’éviterez pas totalement l’exposition aux polluants éternels, n’oubliez pas de faire vos dépistages pris en charge par la sécurité sociale ainsi qu’un check-up complet!

  • Cancer de la prostate et pesticides : des liens étroits

    Cancer de la prostate et pesticides : des liens étroits

    Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers masculins et représente la 3e cause de décès par cancer chez les hommes. Or, une étude américaine a montré qu’au moins 22 pesticides étaient associés à un risque accru de développement du cancer de la prostate, pointant l’importance des facteurs environnementaux dans l’apparition de la maladie.

    Si la plupart des cancers de la prostate se développent lentement, l’exposition prolongée à certains pesticides pourrait jouer un rôle négatif dans la survenue de la maladie. C’est ce qu’a démontré une nouvelle étude américaine qui conclut qu’au moins 22 pesticides sont systématiquement liés à la survenue d’un cancer de la prostate aux États-Unis.

    Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont analysé les liens entre 295 pesticides et le cancer de la prostate sur une période de 10 à 18 ans. Au total, des liens étroits ont été observés entre la maladie et 22 pesticides, dont l’herbicide 2-4 D, déjà classé « cancérigène probable » par l’OMS, mais toujours autorisé en France. Parmi les autres pesticides potentiellement néfastes, on retrouve 10 herbicides, plusieurs fongicides et insecticides et un fumigant du sol.

    « Cette étude démontre l’importance d’étudier les expositions environnementales, comme l’utilisation de pesticides, pour expliquer potentiellement une partie de la variation géographique que nous observons dans l’incidence du cancer de la prostate et les décès liés à ce cancer aux États-Unis », a déclaré l’auteur principal, le Dr Simon John Christoph Soerensen, de la Stanford University School of Medicine, dans un communiqué.

    Une maladie professionnelle

    En France, les cancers de la prostate liés à l’exposition aux pesticides, dont le chlordécone, peuvent être reconnus comme maladie professionnelle pour les professionnels agricoles, depuis 2021. Et ce, alors que plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et Martinique a été exposée au chlordécone et que les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.

    Source : S.J.C. Soerensen et alPesticides and prostate cancer incidence and mortality: An environment-wide association studyCancer. Published online November 4, 2024. doi: 10.1002/cncr.35572.

  • Pourquoi la hausse de l’espérance de vie ralentit dans les pays riches ?

    Pourquoi la hausse de l’espérance de vie ralentit dans les pays riches ?

    Depuis une trentaine d’années, l’espérance de vie ne progresse plus aussi vite que dans la période post Seconde Guerre mondiale. Un effet que certains scientifiques attribuent à une sorte de « plafond de verre biologique ».

    Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, soit le milieu du XXe siècle, l’espérance de vie n’a cessé d’augmenter. Une croissance exponentielle due aux progrès de la médecine et des politiques de santé publique, mais qui observe un léger ralentissement depuis une trentaine d’années, soit depuis les années 90.

    En effet, selon une étude parue dans la revue scientifique « Nature Aging », dans les huit pays ayant les niveaux les plus élevés d’espérance de vie à la fin des années 90 (soit l’Australie, la France, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, l’Espagne, la Suède et la Suisse, ainsi que les États-Unis), les habitants n’ont gagné « que » 6,5 années d’espérance de vie contre en moyenne 3 ans par décennies durant les 50 précédentes années.

    Jay Olshansky, professeur de santé publique à l’université de l’Illinois et premier auteur de l’étude, explique ce ralentissement par une sorte de « plafond de verre ».

    Les « limites biologiques » du corps humain

    Si pendant des années, la « réussite médicale » a permis d’augmenter de façon exponentielle notre espérance de vie, l’humain est aujourd’hui rattrapé par ses « limites biologiques », explique-t-il. Ainsi, selon Jay Olshansky et ses confrères, il y a peu de chances que l’on puisse « dépasser les limites du corps humain » et donc que l’espérance de vie continue de s’étendre à l’infini, et ce, malgré les différentes innovations médicales. Pour preuve, ils rappellent que la probabilité de vivre jusqu’à l’âge de 100 ans reste faible : 5,1 % des femmes et 1,8 % pour les hommes. 

    Cette théorie du « plafond de verre » et des « limites biologiques » ne fait néanmoins pas consensus auprès des scientifiques. Auprès du journal « Le Monde », le chercheur Carlo Giovanni Camarda rappelle que « l’avenir a donné tort à la plupart des chercheurs ayant tenté de fixer une limite à l’espérance humaine ». Gilles Pison, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle, explique, lui, qu’une hausse est encore possible, mais que lorsqu’on arrive à des niveaux d’espérance de vie élevés, chaque nouvelle année gagnée implique de « véritables avancées » en termes de réduction des risques de mortalité.

    En France, pour briser ce « plafond de verre » et voir l’espérance de vie continuer de croître de façon significative, il faudrait ainsi de réelles avancées médicales dans le domaine des cancers et des maladies cardiovasculaires. En attendant, pour Jay Olshansky, la médecine et la recherche devrait se concentrer sur le fait d’améliorer les conditions actuelles de vieillissement.

    Source : Olshansky, S.J., Willcox, B.J., Demetrius, L. et al. Implausibility of radical life extension in humans in the twenty-first century. Nat Aging 4, 1635–1642 (2024). https://doi.org/10.1038/s43587-024-00702-3

  • Un antidiabétique pourrait freiner le déclin cognitif et prévenir la maladie d’Alzheimer

    Un antidiabétique pourrait freiner le déclin cognitif et prévenir la maladie d’Alzheimer

    Une étude prometteuse vient de paraître dans The Journal of the Alzheimer’s Association. Les diabétiques de type 2 qui prennent de l’Ozempic ou l’un de ses corollaires seraient moins à risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer, et ce, grâce à la une molécule bien spécifique, le sémaglutide.

    Très prisé des stars pour son effet (détourné) amincissant, l’antidiabétique Ozempic et son corollaire Wegovy pourraient receler bien d’autres vertus, dont celle de prévenir la maladie d’Alzheimer. En effet, après des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire, la dépression ou encore sur les maladies du foie, ces médicaments viennent de prouver leur efficacité contre la maladie d’Alzheimer, et ce, toujours grâce au même principe actif, le sémaglutide.

    Via le sémaglutide, le Wegovy et ses corollaires miment l’action du GLP-1, cette hormone sécrétée par l’intestin pour contrôler le taux de glucose dans le sang et stimuler la production d’insuline. Or une équipe de chercheurs de la faculté de médecine de Case Western Reserve a montré dans une étude parue dans Alzheimer’s & Dementia : The Journal of the Alzheimer’s Association que le sémaglutide peut réduire de 40 à 70 % le risque de maladie d’Alzheimer chez les personnes atteintes de diabète de type 2.

    Pour arriver à ce résultat, les scientifiques ont comparé les résultats de près d’un million de personnes prenant soit un antidiabétique à base de sémaglutide soit l’un des sept autres médicaments antidiabétiques disponibles aux États-Unis. Et ils assurent que ceux qui prennent du sémaglutide ont un risque significativement plus bas d’obtenir un diagnostic d’Alzheimer en comparaison.

    Ils concluent que « le sémaglutide pourrait protéger contre la neurodégénérescence et la neuro-inflammation ».

    Plusieurs hypothèses possibles

    Nos confrères du « Monde » expliquent que deux hypothèses permettent d’expliquer cet effet protecteur de l’Ozempic et de ses corollaires.

    • La première est que le sémaglutide n’agirait pas seulement au niveau du foie, mais aussi au niveau du cerveau et améliorerait la consommation de sucre par notre cerveau. Or, plusieurs études ont démontré que le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer n’utilise pas correctement le glucose – un mécanisme qui serait à l’origine de la dégénérescence nerveuse.
    • La seconde est que l’effet vasculo-protecteur des antidiabétiques va indirectement ralentir ce déclin cognitif.
    • Et enfin, la troisième, c’est que le sémaglutide réduirait l’inflammation.

    La question est désormais de savoir si l’un de ces mécanismes est plus probant que les autres ou si c’est la synergie des trois qui offre un effet protecteur.

    Des résultats attendus pour l’automne 2025

    Un effet secondaire positif que le fabricant de l’Ozempic et du Wegovy, Novo Nordisk, avait déjà anticipé. Le géant pharmaceutique a lancé en 2021 un double essai clinique (connu sous le nom de « evoke » et « evoke+ ») pour étudier les effets de son antidiabétique sur la survenue de la maladie d’Alzheimer et son évolution. Les résultats de cette étude sont attendus pour l’automne 2025, mais déjà les spécialistes ajoutent que le sémaglutide pourrait également protéger les utilisateurs contre la maladie de Parkinson. Confirmant le statut de cette molécule comme l’une des révolutions scientifiques et médicales du siècle.

    Source : « Associations of semaglutide with first-time diagnosis of Alzheimer’s disease in patients with type 2 diabetes: Target trial emulation using nationwide real-world data in the US », Alzheimer’s & Dementia : The Journal of the Alzheimer’s Association, oct. 2024. DOI : https://doi.org/10.1002/alz.14313

  • Trois marqueurs sanguins permettent de détecter les femmes les plus à risque d’accident cardiovasculaire

    Trois marqueurs sanguins permettent de détecter les femmes les plus à risque d’accident cardiovasculaire

    Pour prévenir le risque de maladies cardiovasculaires (AVC, crise cardiaque, infarctus, etc.), des chercheurs américains conseillent de réaliser une mesure de 3 éléments combinés, le CRP, le cholestérol LDL et la Lp (a).

    Et si une simple prise de sang permettait de prévenir les risques cardiovasculaires sur 30 ans ? Le National Institutes of Health (NIH) veut y croire. Dans une étude publiée dans le « New England Journal of Medicine », l’institut américain assure que la mesure de deux types de graisses dans le sang ainsi que de la protéine C-réactive (CRP) peut prédire le risque de maladie cardiovasculaire chez une femme des décennies plus tard.

    Leur étude se base sur les données de santé de 27 939 femmes qui ont participé à un programme de santé qui leur est dédié, la Women’s Health Study. Les plus âgées ont été auscultées pour la première fois en 1992, à un âge moyen de 55 ans, et ont été suivies pendant 30 ans. Durant toute cette période, les scientifiques se sont penchés de près à l’analyse combinée de leur niveau :

    • de C-Réactive (CRP), une protéine produite par le foie en réponse à une inflammation dans le corps (soit un marqueur de l’inflammation générale) ;
    • du cholestérol LDL ;
    • et de la lipoprotéine (a) ou Lp (a), un lipide en partie composé de LDL et considéré comme un marqueur indépendant de risque cardiovasculaire.

    Sachant que tous ces marqueurs sont individuellement des indicateurs du risque cardiovasculaire, combinés, ils atteignent un niveau de précision inédit.

    Des risques jusqu’à 3 fois plus élevés

    Selon les auteurs de l’étude, lorsque les trois mesures ont été évaluées ensemble, les participantes ayant les niveaux les plus élevés avaient un risque associé plus de 1,5 fois plus élevé d’accident vasculaire cérébral et un risque associé plus de trois fois plus élevé de maladie coronarienne par rapport aux femmes ayant les niveaux les plus bas.

    En cause notamment, le fait que « des niveaux accrus d’inflammation peuvent interagir avec les lipides pour aggraver les risques de maladies cardiovasculaires ». Mais aussi le fait qu’un haut niveau de CRP peut être une réponse à une « accumulation de cholestérol dans les cellules ou une réponse à l’accumulation de plaque ».

    « Nous espérons que ces résultats permettront d’identifier des moyens encore plus précoces de détecter et de prévenir les maladies cardiaques », a déclaré Paul M. Ridker, auteur de l’étude, qui précise qu’ils s’attendent à trouver les mêmes résultats chez les hommes.

    La possibilité de connaître les personnes à risque avant même un examen d’imagerie est extrêmement important en termes de santé publique pour orienter les efforts de dépistage les plus coûteux vers ceux qui en ont le plus besoin

    Source : Ridker PM, Moorthy V, Cook NR, et al. Inflammation, Cholesterol, Lipoprotein(a), and 30-Year Cardiovascular Outcomes in Women. N Engl J Med. 2024; doi: 10.1056/NEJMoa2405182.

  • Ces boissons à consommer avec modération pour limiter le risque d’AVC

    Ces boissons à consommer avec modération pour limiter le risque d’AVC

    L’accident vasculaire cérébral (AVC) est la troisième cause de mortalité en France et la première cause de handicap acquis. Il touche chaque année 140 000 personnes. Sans surprise, selon une étude de l’université de Galway, en Irlande, les boissons que l’on ingère pourraient avoir un impact sur notre risque d’être frappé par un AVC.

    Une étude internationale menée par l’université de Galway et parue fin septembre 2024, dans le Journal of Stroke conclut que la consommation fréquente de boissons gazeuses double le risque d’AVC tout comme celle de jus de fruits industriels. À l’inverse, boire de l’eau et du thé peut réduire le risque d’accident.

    En s’appuyant sur les résultats de 27 000 personnes situés dans 27 pays différent, dans le cadre du projet INTERSTROKE, les scientifiques irlandais expliquent que les boissons gazeuses et les jus de fruits industriels (surtout ceux à base de concentrés) sont trop riches en sucres et en conservateurs nocifs. L’étude pointe notamment le fait que dans nombre de ces jus de fruits à base de concentré, les avantages généralement associés aux fruits frais s’annulent pour ces mêmes raisons.

    Feu vert sur le thé

    Pour le café les scientifiques expliquent que le danger se situe au-dessus de 4 tasses par jour, car à ce niveau, il peut avoir un impact durable sur la tension artérielle mais d’autres études mettent la barre à 6 cafés ou quatre expressos. Les chercheurs recommandent dès lors de se tourner vers du thé, qu’il soit vert ou noir. Mais attention, pointent ils, l’ajout de lait dans son thé annule les effets bénéfiques de celui-ci en matière de prévention des AVC. Ils rappellent, en outre, l’importance de consommer de l’eau toute la journée pour rester bien hydraté.

    Source : University of Galway. « Carbonated Beverage, Fruit Drink, and Water Consumption and Risk of Acute Stroke: the INTERSTROKE Case-Control Study » Journal of Stroke, 30 September 2024.