Crée en 2017, la start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle Imageens a développé un logiciel permettant de mesurer un biomarqueur spécifique à partir d’images IRM. Celui-ci permet de prédire le risque cardiovasculaire d’une personne pour les dix prochaines années. Entretien avec le Pr Alban Redheuil, cardio-radiologue et chef du service d’imagerie cardiaque à l’hôpital de La Pitié Salpêtrière et Anas Dogui, directeur général d’Imageens.
La technologie développée par Imageens permet de prédire le risque cardiovasculaire d’une personne dans les dix prochaines années. Pouvez-vous nous expliquer comment vous mesurez cette menace ?
Anas Dogui : « Nous avons identifié un biomarqueur spécifique, qui permet de détecter les signaux précurseurs d’apparition de maladies cardiovasculaires, et ce, dès le plus jeune âge. Nous avons ensuite développé un outil capable de mesurer ce biomarqueur à partir d’une image IRM, puis de définir l’âge des artères d’une personne – soit son âge cardiovasculaire – et donc son risque cardiovasculaire. »
Pr Alban Redheuil : « Concrètement, nous mesurons le vaisseau le plus important de l’organisme, l’aorte ascendante, ainsi que sa distensibilité, c’est-à-dire sa capacité à varier de diamètre. Cela nous donne une idée de son élasticité (ou rigidité), qui est essentielle pour déterminer le risque de développer une maladie cardiovasculaire – par exemple une complication d’anévrisme ou un infarctus -, mais que l’on peut mesurer qu’avec les outils développés par Imageens.
Nous couplons ensuite ces données avec l’âge et le genre du patient, mais aussi avec les facteurs de risques cardiovasculaires classiques (tabac, diabète, manque d’activité physique, obésité, insuffisance rénale, hypercholestérolémie, etc.) pour déterminer l’âge cardiovasculaire de la personne. »
En quoi le fait de mesurer l’âge cardiovasculaire d’une personne est une véritable révolution en matière de prévention des maladies cardiovasculaires ?
Pr Alban Redheuil : « Certaines personnes se retrouvent avec un âge vasculaire beaucoup plus élevé que leur âge calendaire. Or, nous avons démontré que cet âge vasculaire était un marqueur extrêmement puissant pour déterminer l’état de santé des patients et pour prédire de façon fiable les événements cardiovasculaires qui pourront survenir dans les dix prochaines années. »
Anas Dogui : « Notre technologie a, en effet, fait l’objet de plus de 70 publications scientifiques, dont une étude sur l’analyse de la rigidité artérielle qui a porté sur plus de 3 700 patients, suivis pendant plus de dix ans. Il est donc largement validé scientifiquement et est aujourd’hui utilisé dans un certain nombre de centres de recherches de haut niveau, à commencer par l’hôpital de La Pitié Salpêtrière. »
Pr Alban Redheuil : « Surtout, si un patient apprend qu’il a un âge vasculaire beaucoup plus avancé que son âge calendaire, il va se préoccuper plus de son état de santé et son médecin va pouvoir agir directement pour faire baisser son risque de développer une maladie cardiovasculaire. Et c’est là qu’Imageens peut faire toute la différence, surtout en agissant chez des individus jeunes et que l’on ne pensait pas forcément à risque. À terme, nous espérons aussi que nos outils permettront de prendre des décisions chirurgicales chez des patients ayant un risque de rupture d’anévrisme à court terme afin justement d’éviter la rupture, qui est un événement dramatique. Des recherches sont en cours pour cela. »
Vous proposez aux personnes effectuant un bilan de santé chez Mieux d’avoir accès aux technologies d’Imageens. En tant que leaders de l’innovation médicale, pourquoi était-il important de proposer vos outils aux personnes qui nous font confiance ?
Pr Alban Redheuil : « Nous savons qu’il existe un groupe de patients, dont le nombre est relativement important, chez lesquels les méthodes traditionnelles de prévention sont déficientes. Or, nous avons la chance, avec l’imagerie et les nouvelles technologies innovantes, de savoir directement s’il existe un risque de maladie cardiovasculaire, voire s’il y a déjà une pathologie. Cela va permettre de traiter davantage de personnes qui en ont vraiment besoin et avec la bonne stratégie. Et c’est cela qui est extrêmement important aujourd’hui : permettre aux patients d’être mieux traités grâce à une approche individualisée. »
Anas Dogui : « Car chez Imageens, nous croyons vraiment que la médecine du futur sera une médecine ultra-personnalisée. »
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