Depuis une trentaine d’années, l’espérance de vie ne progresse plus aussi vite que dans la période post Seconde Guerre mondiale. Un effet que certains scientifiques attribuent à une sorte de « plafond de verre biologique ».
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, soit le milieu du XXe siècle, l’espérance de vie n’a cessé d’augmenter. Une croissance exponentielle due aux progrès de la médecine et des politiques de santé publique, mais qui observe un léger ralentissement depuis une trentaine d’années, soit depuis les années 90.
En effet, selon une étude parue dans la revue scientifique « Nature Aging », dans les huit pays ayant les niveaux les plus élevés d’espérance de vie à la fin des années 90 (soit l’Australie, la France, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, l’Espagne, la Suède et la Suisse, ainsi que les États-Unis), les habitants n’ont gagné « que » 6,5 années d’espérance de vie contre en moyenne 3 ans par décennies durant les 50 précédentes années.
Jay Olshansky, professeur de santé publique à l’université de l’Illinois et premier auteur de l’étude, explique ce ralentissement par une sorte de « plafond de verre ».
Les « limites biologiques » du corps humain
Si pendant des années, la « réussite médicale » a permis d’augmenter de façon exponentielle notre espérance de vie, l’humain est aujourd’hui rattrapé par ses « limites biologiques », explique-t-il. Ainsi, selon Jay Olshansky et ses confrères, il y a peu de chances que l’on puisse « dépasser les limites du corps humain » et donc que l’espérance de vie continue de s’étendre à l’infini, et ce, malgré les différentes innovations médicales. Pour preuve, ils rappellent que la probabilité de vivre jusqu’à l’âge de 100 ans reste faible : 5,1 % des femmes et 1,8 % pour les hommes.
Cette théorie du « plafond de verre » et des « limites biologiques » ne fait néanmoins pas consensus auprès des scientifiques. Auprès du journal « Le Monde », le chercheur Carlo Giovanni Camarda rappelle que « l’avenir a donné tort à la plupart des chercheurs ayant tenté de fixer une limite à l’espérance humaine ». Gilles Pison, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle, explique, lui, qu’une hausse est encore possible, mais que lorsqu’on arrive à des niveaux d’espérance de vie élevés, chaque nouvelle année gagnée implique de « véritables avancées » en termes de réduction des risques de mortalité.
En France, pour briser ce « plafond de verre » et voir l’espérance de vie continuer de croître de façon significative, il faudrait ainsi de réelles avancées médicales dans le domaine des cancers et des maladies cardiovasculaires. En attendant, pour Jay Olshansky, la médecine et la recherche devrait se concentrer sur le fait d’améliorer les conditions actuelles de vieillissement.
Source : Olshansky, S.J., Willcox, B.J., Demetrius, L. et al. Implausibility of radical life extension in humans in the twenty-first century. Nat Aging 4, 1635–1642 (2024). https://doi.org/10.1038/s43587-024-00702-3
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