Connaissez-vous les PFAS ? Derrière cet acronyme se cache deux noms un peu barbares, les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, aux effets tout aussi barbares. Ce sont ce que l’on appelle communément des « produits chimiques éternels » ou tout simplement « polluants éternels ». On les retrouve partout : dans les emballages alimentaires, sur nos poêles anti-adhésives, dans nos vêtements imperméables, nos tampons hygiéniques, nos fils dentaires, nos puces 5G et même dans les valves cardiaques artificielles…
Le problème, c’est que si l’industrie en est devenue totalement dépendante, certains atomes chimiques formés pour leur construction par l’association carbone/fluor sont pratiquement indestructibles. Conséquence : on retrouve des PFAS dans l’eau, les sols, l’air, et jusque dans les fonds océaniques et les régions arctiques. Une contamination qui se retrouve ensuite dans l’organisme de tous les êtres vivants. Aux États-Unis, des PFAS ont ainsi été détectés chez 97 % des habitants et France, une étude Que Choisir de 2019 a montrée que 93 % des logements testés étaient pollués par les PFAS. Or, plus les études se multiplient, plus on découvre leurs effets néfastes pour la santé.
Les scientifiques ont alerté sur une très longue liste des différentes maladies associées à une exposition prolongée aux PFAS. On y retrouve une diminution de la fertilité, une altération de la qualité du sperme et un développement fœtal défavorable, un risque d’inflammation ou encore de stress oxydatif. Des éléments qui favorisent l’obésité, la résistance à l’insuline et augmentent le risque de stéatose hépatique et de cancer. Certaines variantes de PFAS sont d’ailleurs classées comme cancérigènes.
Les industriels font de la résistance
Pour tenter d’endiguer le phénomène, l’Union européenne a pris une série de mesures pour limiter l’usage des PFAS (regroupées dans le règlement Reach). Mais en face, les industriels font du lobbying afin d’obtenir un maximum de dérogation possible et pouvoir continuer à utiliser ces matériaux efficaces et à moindre coût. Face au véritable risque que ces composés chimiques posent en termes de santé publique, et par répercussion sur le plan social et économique, l’UE tente de durcir ses règles pour pousser les industriels à développer des alternatives aux PFAS.
Une démarche nécessaire, mais qui ne serait pas suffisante, comme l’a prouvé le documentaire « Toxic and Tenacious — How « Forever Chemicals » Are Damaging Our Health ». Pour ses réalisateurs, il est impératif de mettre en place une réglementation mondiale globale pour éviter de simplement déplacer le problème vers des régions moins réglementées. « Une convention mondiale sur les PFAS pourrait garantir que la production et l’utilisation soient contrôlées à l’échelle universelle, s’attaquant ainsi à la cause profonde des problèmes environnementaux et sanitaires plutôt que de simplement déplacer le problème géographiquement », avancent-ils.
En attendant, Que choisir a dressé une liste de choses à mettre en place pour limiter au maximum d’être en contact avec PFAS. « La tâche est ardue », prévient le collectif.
- Optez pour des ustensiles de cuisine sans revêtement antiadhésif contenant des PFAS.
- Évitez les produits alimentaires emballés achetés en grande surface ou dans les fast-foods.
- Évitez l’utilisation d’eau souterraine (puits privés) pour arroser les fruits et légumes du potager ou abreuver les animaux de basse-cour.
- Réduisez la consommation de poissons (surtout les gras) et fruits de mer, de viandes, de produits laitiers et d’œufs.
- Lavez les vêtements neufs avant de les porter.
- Évitez d’acheter des vêtements imperméables ou déperlants.
- N’utilisez pas de spray imperméabilisant.
- Évitez les tissus d’ameublement ayant subi des traitements antitaches.
- Consulter la liste des ingrédients des cosmétiques et produits ménagers.
- Contribuez à limiter les fuites de PFAS dans l’environnement en jetant ou en recyclant vos produits via les filières adaptées.
Et comme de toute manière vous n’éviterez pas totalement l’exposition aux polluants éternels, n’oubliez pas de faire vos dépistages pris en charge par la sécurité sociale ainsi qu’un check-up complet!
Laisser un commentaire