Confronté à l’usage détourné de l’un de ses traitements contre l’obésité, l’Ozempic, le laboratoire danois Novo Nordisk a réagi en commercialisant un médicament spécialement destiné à lutter contre l’obésité. Une formule injectable désormais largement plébiscitée.
Novo Nordisk n’est pas passé pas loin du scandale sanitaire, mais a réussi à rebondir. En 2017, le laboratoire pharmaceutique danois a mis sur le marché américain un nouveau traitement contre le diabète de type 2, l’Ozempic. Un médicament qui a ensuite été autorisé en France en 2019. Rapidement, les utilisateurs se sont aperçus que ce traitement avait tendance à couper la faim et ainsi à favoriser la perte de poids et ce médicament été prescrit ou utilisé en dehors de son champ initial, pour des envies de perte de poids pas nécessairement urgentes d’un point de vue médical … (Ceci rappellera à certains « l’affaire du Mediator »
De nombreuses stars américaines, à commencer par Elon Musk, en ont alors fait la promotion quand d’autres ont été accusés (à tort ou à raison) d’y avoir eu recours après une soudaine perte de poids. C’est le cas notamment des sœurs Kardashian, de Robbie Williams, de Boy George ou encore, plus récemment, d’Oprah Winfrey. Dans le même temps, l’emballement pour ce « remède miracle pour maigrir » a gagné les réseaux sociaux et en particulier TikTok, faisant le tour du monde.
Un risque de pénurie
Conséquence : en mai 2023, la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) française a tiré la sonnette d’alarme après avoir constaté « une recrudescence de fausses ordonnances » visant à se faire délivrer ce médicament réservé aux diabétiques. Une plainte qui avait poussé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à placer l’Ozempic sous surveillance. On estimait alors déjà que presque 2 200 personnes non-diabétiques avaient eu recours à ce traitement.
Et partout dans le monde, les mêmes craintes ont commencé à grandir : que l’Ozempic aient des effets indésirables insoupçonnés sur les personnes non-diabétiques (chez qui aucun essai clinique n’avait été réalisé) et surtout, que l’emballement pour ce traitement provoque une pénurie pour les malades.
Un traitement contre l’obésité
Novo Nordisk ne s’est toutefois pas laissé déborder et a tout de suite cherché à contre-attaquer en mettant au point un traitement spécialement dirigé contre l’obésité, le Wegovy. Commercialisé aux États-Unis depuis 2021, il peinait néanmoins à décoller en raison de son coût exorbitant.
Un frein qui ne devrait pas tarder à sauter. En effet, au début du mois de mars, les autorités sanitaires américaines ont validé l’utilisation du Wegovy pour réduire le risque de crise cardiaque ou d’AVC chez les personnes obèses ou en surpoids atteintes de maladies cardiovasculaires, ouvrant la voie à un possible remboursement par les assurances santé.
En France, ce traitement a fait l’objet d’une autorisation temporaire de mise sur le marché entre le 21 juillet 2022 et le 27 septembre 2023 dans le cadre d’une étude pharmaco-épidémiologique. Un test qui s’est révélé concluant, selon un compte-rendu publié le 19 mars, et qui laissait entendre que ce traitement pourrait être disponible en France dès la fin de l’année 2024.
Une nouvelle étude prometteuse
Et le géant norvégien ne compte pas s’arrêter là. Au début du mois de mars, Novo Nordisk a annoncé travailler à un nouveau traitement contre l’obésité, qui, selon les premiers résultats, serait « deux fois plus efficace » que le Wegovy. Durant leur premier essai clinique, qui reposait sur 16 volontaires, la perte de poids moyenne sur trois mois était de 13 % (contre 6 % pour le traitement actuel).
Une étude qui a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par la science, mais aussi par la bourse puisque les actions de Novo Nordisk ont grimpé de 8 % dès l’annonce de ces résultats. Car il existe un réel marché pour ces comprimés. Et pour cause, l’obésité est un problème sanitaire mondial, à l’origine de maladie chronique complexe, facteur de risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, de certains cancers… Combattre l’obésité est donc le combat de tous.
Stimuler la sécrétion d’insuline
À noter que le nouveau traitement développé par Novo Nordisk se distingue de l’Ozempic et du Wegovy par sa forme de prescription – il ne s’agit pas d’un produit injectable, mais d’une pilule – et par son principe actif. Le laboratoire a développé une molécule, appelée amycrétine, capable d’imiter l’hormone intestinale qui stimule la sécrétion d’insuline et procure une sensation de satiété, la GLP-1.
Ce traitement pourrait être commercialisé dès 2025 aux États-Unis, mais d’autres études sont encore nécessaires. Pour l’heure, les principales craintes face à ces traitements « miracles » sont qu’ils pourraient être associés à une augmentation des risques de maladies gastro-intestinales et surtout, qu’il existe un risque qu’une partie importante du poids perdu sous traitement revienne une fois l’arrêt des comprimés.
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